18 février 2012

Jeu idiot

Mes peintures idiotes: Et bien, quoi?    Huile sur toile       65X54    2012
Attention! Il faut regarder de très près. Je ne voudrais pas m'être enquiquinée avec des détails pour rien.

Jeu:    Et bien quoi?
C'est simple, vous n'avez qu'à répondre à cette question.

14 février 2012

Théâtre idiot

Fluctuat, fluctuat...
Anne Marbrun
(extrait 7)













 Le docteur : (s’étirant) Je crois que nous allons avoir une belle journée.
La comtesse : Oui, que ferons-nous ?
Le docteur : Mais, comme vous voudrez. Une promenade ?
La comtesse : Oui. Oh ! un pique-nique !
Le docteur : (un peu sceptique) Un pique-nique, vous croyez ?
La comtesse : Oui, oui, ce sera très bien. (très excitée) Euh… voyons, il nous faudra un panier avec un repas froid, une belle nappe blanche pour mettre sur l’herbe. Le mousse va s’occuper de tout ça. Euh ? Quoi encore ? Ah ! oui, on emporte des couverts ou on mange avec nos doigts ?
Le docteur : Je ne voudrais pas vous décevoir Comtesse, mais…
La comtesse : (sans l’écouter) Nous mangerons avec nos doigts, ce sera beaucoup plus excitant. Le mousse va s’en occuper. Et pour la boisson, qu’est-ce que vous voulez ?
Le docteur : Non, mais…
La comtesse : Du cidre, je crois que ça n’irait pas mal. Qu’est-ce que vous en dites ? (se tournant vers le mousse) Allez, qu’attendez-vous ? (il ne bouge pas)
Le docteur :(essayant de l’arrêter) Ne vous emballez pas tant.
La comtesse :(au mousse) Non, mais vous n’avez pas compris ! Nous voulons du cidre, des cornichons…( le mousse continue à l’écouter, appuyé sur son balai, impassible – elle s’arrête, déroutée) Qu’est-ce qu’il y a ?
Le mousse : Un tout petit inconvénient à votre projet.
La comtesse : Lequel ?
Le mousse : Vous oubliez que le bateau est consigné et que vous ne pouvez le quitter qu’avec l’autorisation du commandant.
La comtesse : Ah ! vous m’amusez. Eh bien, demandez - le lui au commandant. (au docteur) La belle affaire ! Vous vous rendez comte ! (au mousse) Vous y allez, oui ?
Le mousse : (sans se presser) J’y vais, j’y vais, mais… on verra bien.
La comtesse : (au docteur pendant que le mousse s’éloigne) Il se fiche de nous, non ?
Le docteur : (embarrassé)Il n’a peut-être pas tort. Ce projet n’est pas très raisonnable.
La comtesse : (très choquée) Oh !
Le mousse : (au commandant, sur la passerelle)Commandant ! (pas de réponse) Commandant !
Le commandant : (sans lever les yeux de son journal, bourru) Qu’est-ce qu’il y a ?
Le mousse : C’est la comtesse qui voudrait savoir…
Le docteur : Madame la Comtesse.
Le mousse : Madame la Comtesse voudrait savoir si…
Le commandant : Tu vois bien que tu me déranges.
Le mousse : (à la comtesse)Qu’est-ce que je vous disais ? (la comtesse lui fait signe de continuer) Madame la Comtesse vous fait demander si…
Le commandant : Oh ! ça suffit. Je n’ai pas le temps. (le mousse a un geste d’impuissance envers la comtesse)
La comtesse : Mais insistez !
Le mousse : Il dit qu’il n’a pas le temps.
La comtesse : Comment ça, pas le temps ? Il est au service de ses passagers, non ?
Le mousse : Commandant ! (pas de réponse) Commandant, la comtesse dit que vous êtes au service de vos passagers.
La comtesse : Il doit satisfaire leurs moindres demandes.
Le mousse : Vous devez satisfaire leurs moindres demandes.
La comtesse : Nous payons assez cher, il me semble.
Le mousse : Ils paient assez cher.
Le commandant : Non.
Le mousse : Comment non ?
Le commandant : Ils ne paient pas assez cher, non.
(La comtesse fait signe au mousse de recommencer)
Le mousse : Commandant, la Comtesse de Briffard vous fait demander l’autorisation…
Le commandant : Briffard… fouiller. (rire très grossier) Ah ! Ah !
Le mousse : L’autorisation d’aller en pique-nique avec le docteur.
Le commandant : En pique-nique en plein océan ! Ecoute-moi, garçon, tu vas dire à la Comtesse de Briffard qu’elle me foute la paix, sinon je la débarque, elle et son marlou, sur le premier îlot venu.
Le docteur : (à la comtesse) Renonçons ,ça vaut mieux.
La comtesse : (au mousse) Dites au commandant que je ne supporterai pas plus longtemps ses excès de langage et qu’il ferait bien…
Le commandant : Et dis à cette vieille folle que j’en ai assez de ses caprices stupides.
( Le mousse se tourne vers la comtesse)
La comtesse : Quoi ! Dites-lui…
Le mousse : (levant les bras dans un geste autoritaire) Oh ! eh ! ça suffit ! (le docteur et la comtesse se regardent – il baisse les bras, reprend son balai et va balayer – les autres autres ont été arrêtés net– un temps)
   La comtesse : (larmoyant) C’est dommage quand même. J’aurais bien aimé…
Le docteur : Bah ! n’y pensez plus.
La comtesse : (rêveuse) On aurait ramassé des jonquilles, ou des colchiques.
Le mousse : Ou des marguerites ou des violettes.
La comtesse : (d’abord interloquée puis se ressaisissant) Ou des dahlias ou des soucis.
    ( Le ton monte peu à peu jusqu’à la colère)
Le mousse : Ou des coquelicots.
La comtesse : Ou des roses trémières.
Le mousse : Ou des jacinthes.                                                          
La comtesse : Ou des pivoines.
Le mousse : Des renoncules.
La comtesse : Des pétunias.                           
Le mousse : Des bégonias.
La comtesse : Des camélias.
Le mousse : Des hortensias.
La comtesse : Des Zinnias.
Le mousse : Des résédas.
Le commandant : (hurlant mais sans se détacher de sa lecture) Des séquoias ! 
  (Le mousse et la comtesse s’arrêtent net et s’immobilisent un instant – le commandant ne    bouge pas)
La comtesse : (ton larmoyant) C’est dommage quand même. On aurait ramassé des jonquilles… (elle hésite) ou des colchiques.
    ( Le mousse se remet à balayer, les autres personnages s’animent à nouveau)